Jean-Michel Frodon, Le Point, 22 février 1988
[.........]
Tout va bien ? Non, tout se complique. L'énorme machine
des studios s'est mise en route: un, deux, trois, quinze scénaristes
viennent mettre leur grain de sel; le changement d'échelle
de l'entreprise modifie tous les rapports humains. [....] Les
trois hommes [.......] ont maintenant des allures de cow-boys
modernes, et ils partagent un appartement chic à New York;
les dialogues ont gagné en rapidité ce qu'ils ont
perdu en psychologie: voilà le poupon naturalisé
américain.
[..........]
Jacques Siclier, Le Monde, 19 février 1988
[........]
On connaît, oui; on ne reconnaît pas. L'américanisation
du sujet (avec des professions différentes pour deux des
protagonistes) peut se concevoir. Mais les producteurs et les
scénaristes ont "ciblé" tous les publics,
y compris celui des enfants et adolescents. Il faut s'amuser seulement
- à quoi bon réfléchir ? - des mésaventures
de trois mecs empétrés dans les biberons et les
couches.
[.......] La mise en scène de Leonard Nimoy est plate,
fonctionnelle, même dans les séquences d'action ajoutées.
Le dernier plan semble annoncer une future comédie musicale.
[......]
A.T., Révolution, 19 février 1988
[...........]
Cela dit, fidèle à la tradition du rêve américain,
cette version est plus luxueuse, dans les moyens mis en oeuvre
pour la réaliser comme dans le cadre de vie et la situation
sociale des protagonistes de l'histoire. Mais on regrette l'atmosphére
faite d'émotion et de tendresse du film de Coline Serreau.
Anne Andrieu, L'Evénement du Jeudi, 18 février
1988
[....] Notre célebre Couffin est tombé pile
au moment de la grande vague de conformisme moral et du retour
aux vertus familiales aux Etats-Unis. A part ça, sans faire
de chauvinisme, le remake n'a vraiment pas la grâce du film
de Coline Serreau, et les interprètes américains
ont l'air de ploucs à côté des acteurs de
chez nous. Le bébé, lui, joue trés bien.
Maurice Fabre, France-Soir, 18 février 1988
Si l'histoire, à part quelques détails, est
la même, la comédie américaine et ses recettes
sont passées par là. Autrement dit. Ie traitement
et l'interprétation.
Le moteur tourne plus vite. Dans la valse des petits pots, des
couches-culottes, des biberons et des boites de talc, il n'y a
pas un moment de répit. Ca galope, ça s'emballe,
ça ne fléchit jamais. Même remarque pour l'intrigue
policière qui vient se greffer sur celle des champions
du biberon. Elle est menée avec une remarquable fluidité
dans le suspense et l'efficacité.
[.........]
Didier Van Cauwelaert, Le Figaro, 17 Février 1988.
Dans Trois hommes et un couffin, les trafiquants étaient
rigolos, les policiers inefficaces et la neige fondait sous les
couches. Dans Trois hommes et un bébé, un
flic compétent arrête les dealers antipathiques et
on sent bien que la drogue, c'est mauvais pour la patrie. La cigarette
aussi.
[.......] Le bébe qui ressoude la famille en remplaçant
le sexe, la cocaine. la cigarette et la solitude. Sujet miraculeux,
le scénario de Coline Serreau ne pouvait que séduire
les Américains, avec le plaisir supplémentaire et
pas méchant de faire passer notre modèle pour un
brouillon .
[.........]
Jean-Luc Macia, La Croix, 17 février 1988
[..........]
Le tout [.....] est passé à la moulinette hollywoodienne.
Le générique chargé d'illustrer la vie amoureuse
mouvementée des trois amis est un véritable défilé
de mannequins pour une revue BCBG. La soirée entre amis
du film français se transforme en une gigantesque party
avec 300 invités branchés. Et l'intervention de
la police dans l'affaire de droque mobilise une dizaine de voitures
sirènes hurlantes et une brigade complète.
Pourquoi pas? Quand on a de l'argent, il faut bien le montrer. Le film y gagne une certaine efficacité et une dimension spectaculaire. Mais il perd aussi une partie du charme relatif qui émanait de celui de Coline Serreau.
Anne de Gaspéri, Le Quotidien de Paris, 17 f´´vrier
1988
La première demi-heure est carrément insupportable.
C'est une introduction fébrile à l'existence des
trois célibataires qui se disputent le va-et-vient de leurs
aventures amoureuses tellement stéréotypés
qu'on est déjà las avant que Ie bébé
entre enfin sans frapper dans un univers où l'on commençait
à s'ennuyer fort. On est en etffet à mille lieues
de la complicité plus subtile des trois garçons
français que Coline Serreau avait caractériellement
differenciée, chacun ayant une sensibilité et une
philosophic de la vie et de la situation qui
avaient touché le public.
Seul le bébé, visiblement pas au courant de la
première version, jouc son rôle avec une fraîcheur
spontanée.
Berbard Genin, Télérama, 17 février
1988
[.........]
Disons que Trois hommes et un bébé est une
copie conforme, à quelques détails près [.......]
Mais la plus grosse différence, c'est surtout le parfum
de dollars qui entoure le film, et le manque de sincérité
des scènes où devrait affleurer l'émotion.
[....]
Finalement, Trois hommes et un bébé pose
une bonne question: le public américain est-il vraiment
incapable de saisir la frâîcheur d'un film à
petit budget, venu de l'étranger, et joué par des
acteurs qu'il ne connait pas?
Danielle Attali, Le Journal du Dimanche, 14 février
1988
[.........]
André Dussolier qui, au côté du producteur
Jean-François Lepetit, assistait aussi à la rencontre
avec Steve Guttenberg pense que " le remake est bien plus
moraliste. Personnellement, je prèfère le film de
Serreau."
[....]
Efficacité contre émotion. C'est un peu l'enjeu
de ce couffin made in USA. Certains pensent que nous avons perdu
au change. Explication: la rapidité des scènes gomme
la transformation psychologique des personnages. D'autres, au
contraire, reprochaient à la version française des
longueurs.
"Difficile d'avoir du recul, dit Roland Giraud. Je pense que notre couffin était plus émouvant. Mais les mêmes recettes fonctionnent aussi bien en français qu'en anglais."
Renée Bernard, L'Express, 12 février 1988
[.........]
La subtilité n'est pas le point fort de Nimoy, à
qui on ne reprochera guère des silences évocateurs,
des regards expressifs ou des allusions raffinées. Non,
tout est dit, expliqué, démontré, outré.
Circonstance aggravante, vous avez évidemment déjà
vu Trois Hommes et un couffin. Dans ce cas, disons-le tout
net: l'ennui fermera vos yeux avant que la fin de l'histoire les
humecte quelque peu.
[...........]
Michel Slubicki, Libération, 22 décembre 1987
Par un découpage en scènes courtes et d'égale
longueur (la forme du soap encore une fois), le réalisateur
américain suggére un rythme qui ne se soucie guère
des débats internes des personnages dont Coline Serreau
a fait la matière de son film. Dussolier et ses copains
ne sont plus les mêmes à la fin
du film. Tom Sellek et ses amis prennent des décisions,
agissent, courent. Le dialogue est plus mince. Qu'il s'agisse
de se débarrasser de la drogue ou de trouver des langes
et des couches pour le bébé, ils ont la même
attitude. Ils font leur devoir. C'est sans doute ce qu'attendait
le spectateur-teléspectateur américain.