Films

"TROIS HOMMES ET UN COUFFIN" (1985)
COMMENTAIRES DES CRITIQUES FRANCAIS

Jean Cau, "Un scénario tendre avec des rubans roses met K.O. gansters et sex-symbols" Paris Match 13 décembre 1985. 100.

Trois hommes et un couffin ou l'enorme vaudeville sentimental. C'est filmé comme ça sans que la caméra se casse une tête orsonwellesienne, c'est dialogué sans qu'on fasse appel à Claude Simon (Prix Nobel), c'est joué gros, à la cantonade, avec portes qui claquent, yeux écarquillés, éclats de voix et tout l'arsenal du vaudeville.

[......] L'histoire est simple comme un conte.

[......] Une publicité qui ne s'est faite que par le bouche à oreille. Point de stars sans lesquelles, croit-on, le succès n'est pas au rendez-vous. Un budget très limité. Une scénariste-dialoguiste-auteur (et actrice à ses heures), Coline Serreau, dont la gloire jusqu'à présent ne crevait pas les yeux. Et, pour couronner le tout, un bébé dans un couffin.

Emmanuel Schwartzenberg, "A quoi tient le succès de "Trois hommes et un couffin"?", Le Figaro, 8 Décembre, 1985.

Les craintes et les désirs des pères face à leur bébé et la nostalgie des Français pour leur enfance font le triomphe de ce film.

[......] C'est la première fois dans l'histoire du cinéma qu'un bébé joue vraiment un rôle. Et le premier rôle. "Le bébé renvoie à chacun de ces hommes, le libertaire, le rêveur, l'homme organisé, l'image de ce qu'il ne parvient pas à être. C'est notre histoire à tous. Et nous l'accepterons parce que le sujet est traité sur le thème de l'humour."

[.....] Le film, bien construit, sur un rythme rapide, réunit les ingrédients d'un grand succès comique. Les situations drôles, qui provoquent la sympathie alternent avec les moments de gravité.

Marie-Françoise Leclère, "Autopsie d'un succès", Le Point , 11 Novembre 1985.

[....] Bien sûr, le comique est inénarrable de ces trois pauvres mâles confrontés au plus extraordinaire des Ovni, un bébé... et bien sûr, il y a le talent prodigieux des acteurs. Mais allons plus loin. Inscrit dans ce courant sociologique qui voit les hommes revendiquer leur droit à la paternité, ce film a la suprême habileté de ne pas étre démonstratif. S'il dit que les modèles de société sont devenus caducs, il ne le clame pas, détail essentiel en un temps où l'on rejette leçons et idéologies. Et là, Coline Serreau, qui naguère tomba parfois dans ce travers, à merveilleusement saisi l'air du temps.

Elle montre, dit-elle, "des hommes ortdinaires pris de plein fouet par un truc bien qui est en eux et qu'ils dissimulent, la tendresse". Parallèlement, elle met en valeur les tâches réputées féminines, et même les glorifie. C'est faire oeuvre de libération. C'est aussi parler d'amour et de confiance en l'humanité: il y a encore pour ces choses un fameux public.

José-Maria Bescos, "Un trésor dans son couffin" Paris-Match, 1 Novembre, 1985.

Thierry Lherrnitte et Daniel Auteuil avaient d'autres engagements. Guy Bedos, Bernard Giraudeau, Michel Blanc, Christophe Malavoy n'y ont pas cru. Et ils s'en mordent les doigts car un million de Francais ont déjà vu Trois hommes et un couffin, le film de Coline Serreau, triomphe inattendu de cet automne. Le trio Boujenah-Dussollier-Giraud marche sur les brisées de James Bond et de Mad Max. Qui l'eut cru ?

M.P., "Un couffin cousu d'or", France Soir, 31 Octobre, 1985.

Un million cinq cent mille spectateurs sur la France entière et au moins cinq cent invités lundi soir à l'Elysées-Matignon. Tout ça pour un film Trois hommes et un couffin.

Depuis six semaines, le succès incroyable de cette comédie de Coline Serreau est en train de secouer le cinéma français. On n'avait pas vu ça depuis longtemps. Un film français réalisé avec un petit budget et un grand talent dont les recettes montent de semaine en semaine.

"C'est tout simple, dit Coline Serreau, jolie, brune et gaie (on la comprend), le public ne se trompe pas. Quand un film a tout pour l'attirer, il vient."

E.R. , "Pourquoi pas "Trois hommes et un couffin", L'Est Républicain, 9 Octobre 1985.

Coline Serreau, qui fut dix ans comédienne avant de passer, avec un certain succès, derrière la caméra, aime traiter avec pudeur et délicatesse les situations les plus drôles et les plus insolites de la vie quotidienne.

[......] Dans Trois hommes et un couffin c'est l'aventure de trois célibataires passionnément attachés à leur indépendance qu'elle raconte. [.....]

Le plus drôle, c'est évidemment la découverte de l'enfant par ces trois célibataires qui ne l'imaginaient pas si envahissant et qui finissent par l'adopter, défendant avec un soin jaloux leur nouveau statut de papa poule. Un petit film qui sait fort bien faire passer les grandes émotions.

Dominique Jamet, "Papa Poule et Maman sort", Le Quotidien de Paris, 4 octobre, 1985.

[....] On voit d'ici le flot de pathos sociologique, sentimental, revendicatif, voire métaphysique qui pourrait envahir un tel scénario. Pourquoi, puisque la femme travaille et s'accomplit dans le travail, l'homme ne prendrait-il pas sa part des soins du ménage? Un pas de plus, pourquoi n'irait-on pas de l'égalité, voire de l'uniformisation des sexes à l'inversion des rôles?

[....] Le seul parti, ou pari, de Coline Serreau est de faire rire, et c'est un pari gagné, avec l'aide [....] d'un ravissant bébé qui fait fondre les coeurs.

J.B., "Et les papas-poules", La Croix, 3 octobre 1985.

Trois hommes et un couffin, de Coline Serreau, est fait de sketches pas toujours très bien ficelés, pas trés originaux et pas toujours très légers. Il est, en outre, plein d'évidences qui peuvent ennuyer à force d'être assénées. Le dialogue est souvent vulgaire et sans surprise. Mais le film a pour vedette un bébé, Marie, qui impose sa loi "pipi--biberon-dodo" aux trois joyeux drilles qui l'accueillent.

[.....] La drogue, toutefois, n'est qu'un prétexte à alimenter un scénario un peu mince. Comme si Coline Serreau avait craint que la bouille ronde, les grands yeux éveillés et la candeur de la petite Marie ne suffisent pas. C'était ne pas compter avec la force de séduction des deux petites filles, étonnamment ressemblantes, qu'elle a fait tourner.

[.......] Le charme du film tient essentiellement à la contradiction entre ce jeu fou des adultes et l'authenticité du bébé. Et c'est peut-être bien ce paradoxe qui fait courir les foules.

J.S. "Trois hommes et un couffin", Le Monde, 29 Septembre, 1985

Les deux copains d'un stewart parti en vacances recoivent dans un couffin, un bébé de six mois, sa fille. Ils s'en occupent. Surprise du père à son retour, bien obligé, lui aussi, de faire la nourrice. On s'amuse, dans la salle, aux maladresses des trois célibataires troublés dans leur confort.

Mais le propos de Coline Serreau, la réalisatrice, n'est pas de mettre les machos au pied du mur. Semant de quiproquos une histoire allègrement mise en scène comme une comédie américaine, elle glisse peu à peu vers une réflexion plus profonde qu'il n'y paraît sur l'instinct de patemité, et renverse les rôles. Dirigés à contre-emploi, André Dussolier, Roland Giraud et Michel Boujenah sont époustouflants, puis émouvants. Et lorsqu'apparaît Philippine Leroy-Beaulieu, il y a du miracle dans l'air.

Michel Brousse, "Trois hommes et un couffin", Lutte Ouvrière, 28 Septembre 1985.

Menée avec un humour ironique, cette comédie féministe épingle gentiment les trois machos. Ajoutons qu'un deuxième paquet plus petit, mais plus dangereux, a été laissé en dépôt chez eux par un ami, et met à leurs basques policiers et trafiquants de drogue: encore du quiproquo et du rebondissement!

F.F. "Trois Hommes et un couffin", L'´Express, 27 septembre, 1985.

Trois célibataires (et heureux de l'être) partagent un appartement, une façon d'être et quelques aventures sentimentales. Un jour, ils découvrent un bébé sur leur palier. Commence alors la grande aventure: quelles couches faut-il acheter ? Quel lait ? Que faire ? L'apprentissage des pères est hilarant. Coline Serreau [....] trouve ici la juste mesure. Le film, par malchance, dérape ensuite dans une sombre histoire de gangsters, de drogue et de flics, qui vire à la comédie mécanique (genre Oury). Dommage: on aimait les gags et les acteurs, qui, Michel Boujenah en tête, ont l'air de se régaler.

Claude Baignières, "Eclat de tendresse", Le Figaro, 26 septembre 1985.

Coline Serreau a beaucoup d'esprit; elle sait se moquer sans trace de méchanceté des hommes avides de conquêtes féminines, et plus soucieux de performances que de rêves. Mais elle sait aussi percer ce vernis égoïste pour découvrir, sous l'apparence, la bonne santé de I'amour paternel toujours prêt à s'éveiller.

[.....] Tout le charme de l'aventure est dans le détail, dans l'imprévu plausible, dans la métamorphose des personnages qui larguent leurs frivoles habitudes pour retrouver en dépit de problèmes matériels très au-dessus de leurs capacités masculines le goût du bonheur simple né de l'amour sans désir précis ni récompense particulière...

Gilles Le Morvan, "L'humour langé", L'Humanité, 25 septembre 1985.

L'air de ne pas y toucher, la réalisatrice de "Qu'est-ce qu'on attend pour étre heureux ?" griffe le machisme et mordille les jambes coureuses des dons Juans de pacotille. Ses interprétes langent son humour d'un rien de tendresse. Ils donnent des envies de paternité au plus misanthrope des spectateurs. Et font s'esclaffer les autres.

Michel Perez, "Les Cigognes sont de retour" Le Matin, 25 septembre 1985.

[......] Les papas d'occasion sont d'abord furieux et les dames rient beaucoup, dans la salle, au spectacle de ces messieurs langeant et saupoudrant en proférant d'abominables jurons.

[......] Cette histoire désarmante est traitée avec le maximum de gentillesse. Les deux premiers temps en sont vifs, mais le troisième un peu plus languissant. Et s'il faut en tirer une morale, c'est qu'il est indispensable que la cellule familiale se reconstitue, méme si cela doit se faire sur des structures originales et peu conformes aux principes de la morale traditionnelle, Pourquoi pas ?

Didier Vallée, "Trois hommes et un couffin", V.S.D., 19 Septembre 1985.

Avec un tel scénario, on pouvait craindre le pire, tomber dans la comédie minable, frôler Ie grotesque. Rien de tout cela, Coline Serreau a brodé autour de ce thème une histoire d'amour comme on n'ose plus guère en raconter au cinéma. Celle de trois types, plutôt du genre libertins, qui " craquent " devant Ies premiers sourires d'un enfant, qui sursautent au moindre cri, qui se préoccupent beaucoup plus de l'heure du prochain biberon que du rendez-vous avec leur dernière conquête. C'est beau, touchant, parfois drôle, jamais vulgaire, toujours attendrissant. C'est filmé d'une façon subtile (certaines scènes sont éclairées comme des tableaux de Raphaël). Quant à l'interprétation, elle est hors-pair, avec une mention toute particuliére pour le bébé (génial) et surtout pour Michel Boujenah qui excelle comme personne dans l'art du "poutou-poutou" et du"guili-guili". Il faut courir à ce filrn... une boîte de Kleenex sous le bras!

Robert Chazal, "Un bébé éprouvant", France-Soir, 19 septembre, 1985.

Trois papas-poules sans le vouloir, tels sont les héros de cet excellent film comique, alertement conté, joliment mis en scène et spirituellement interprété.

[.......] Les trois larrons sont joués avec humour par Roland Giraud, Michel Boujenah et André Dussollier. Ils sont drôles et même attendrissants dans leurs élans paternels. La jeune mère est Philippine Leroy Beaulieu, dont l'apparition est charmante [....]

Joshka Schidlow, "lorsque l'enfant paraît", Télérama, 18 septembre 1985.

On se croirait revenu au temps des comédies familiales du vieil Hollywood. A dire vrai, Coline Serreau a peu à envier aux maîtres de la comédie américaine. Elle possède le sens du quiproquo et s'y entend pour faire chavirer dans l'émotion les situations les plus hilarantes.

Ne se tenant plus de joie d'avoir récupéré le bébé dont la mère ne peut s'occuper seule, les trois compéres se penchent sur le lit du bébé pour y découvrir la jeune maman dormant comme un enfant. Ils tournent la tête et rencontrent le regard amusé de la petite fille qui fait ses premiers pas.

[....] Cette comédie où la réalisatrice crée [...] des personnages peu soucieux de fonder une cellule familiale classique, a tout pour plaire. On ne l'aime pourtant pas sans réserves. Evoquer la venue d'un enfant comme la panacée semble un brin léger. C'est faire trop bon marché de l'amour, de la création et des combats pour un monde généreux. Ce film semble venir à point nommé pour appuyer la politique nataliste de certains hommes politiques.

On attendait de Coline Serreau, metteur en scène de talent, un discours d'un peu plus d'ampleur.