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En collaboration avec:

 

   MIT Foreign Languages and Literatures

 L'Institut National des Télécommunications

 The National Endowment for the Humanities et
The Consortium for Language Learning and Teaching

Qu'est-ce que CULTURA?

 

Objectifs


Il est bien connu qu'un enseignant de langue étrangère, quelque soit le pays où il exerce, enseigne à la fois "la langue et la culture". Ces deux mots sont devenus totalement indissociables. Cependant la réalité est souvent tout autre. L'étude de la langue constitue en général l'essentiel du cours, et l'enseignement de la culture se limite souvent à une transmission de connaissances de faits culturels, historiques ou quotidiens sur les pratiques de la culture en question. Rarement, nos étudiants ont-ils la possibilité d'accéder à la "dimension cachée" de la culture, pour reprendre l'expression de l'anthropologue américain Edward Hall, c'est-à-dire ses valeurs, ses attitudes, ses façons d'agir, d'interagir et de voir le monde. Il est un fait que cette dimension est extrêmement difficile à "enseigner", dans la mesure où, justement, ces notions sont essentiellement abstraites, invisibles, inaccessibles. Il fallait donc une approche et un outil. pour la rendre concrète, visible et accessible. C'est l'objectif que s'est donné CULTURA.

CULTURA, conçu au MIT par une équipe d'enseignants de français et financé par le National Endowment for the Humanities - propose une approche comparative interculturelle qui permet à des étudiants français et américains. d'élaborer progressivement et collaborativement leur connaissance et leur compréhension des valeurs, attitudes et croyances inhérentes à l'autre culture, en un processus dynamique et interactif de construction réciproque.

Le projet vise à développer spécifiquement la compréhension entre les Américains et les Français, mais il propose également une méthodologie qui peut facilement s'adapter et s'appliquer a la compréhension de toutes cultures, y compris culture dominante/culture minoritaire, cultures du Nord/cultures du Sud, cultures différentes à l'intérieur d'une même entreprise, etc... Ce besoin de compréhension interculturelle est devenu une nécessité dans notre monde actuel. Nous, enseignants de langue, sommes bien placés pour jouer un rôle important dans ce domaine. C'est ce que veut faciliter CULTURA.

L'approche et l'outil utilisés

L'approche qui nous a paru la plus prometteuse, pour rendre visible cette partie invisible de la culture, est une approche comparative qui permet à des étudiants de deux cultures différentes d'étudier ensemble des matériaux semblables, présentés en vis-à-vis et provenant de leurs cultures respectives. La simple juxtaposition de plusieurs documents comportant des éléments semblables permet en effet de voir immédiatement émerger les différences (et les ressemblances) - faute de quoi ces différences resteraient essentiellement invisibles. Ceci permet aux étudiants de pouvoir, dans un premier temps, observer, analyser et comparer ces matériaux, puis d'essayer de comprendre les raisons sous-jacentes aux différences qu'ils ont observées.
L'outil qui nous a paru le mieux adapté à cet objectif est l'Internet et en particulier le World Wide Web, dans la mesure où il permet de présenter et de visualiser en parallèle une grande multiplicité de documents - des documents qui sont ensuite analysés, par le biais de forums interactifs, dans une perspective interculturelle, par les deux groupes d'étudiants ( pour l'instant français et américains.)

Comment CULTURA fonctionne

Il s'agit de mettre en relation deux groupes d'étudiants dans des contextes relativement semblables (deux lycées, deux universités, etc.) qui travaillent ensemble sur les mêmes materiaux et échangent leur points de vue. Par exemple, depuis l'automne 1998, CULTURA met en vis-a-vis des étudiants (d'un cours de français) au MIT et des étudiants (suivant un cours d'anglais) de l'INT.

Image 1: Bienvenue (Pour agrandir, cliquez sur l'image)

Le projet se déroule en une série d'étapes destinées à amener les étudiants à se construire mutuellement leur compréhension de l'autre culture, en un processus de construction continue qui s'appuie sur une analyse interactive de matériaux divers.


Etape 1: les questionnaires

Les étudiants français et américains vont sur le site du projet répondre à une série de trois questionnaires identiques, formulés dans les deux langues. Les étudiants y répondent - et ceci est très important - dans leur langue d'origine. Il existe trois types de questionnaires qui visent à cerner différentes attitudes vis-à-vis de différentes types de personnes (un parent/un voisin/un ami/un prof/...) dans différents types de lieux (publics/privés/etc...).

  • des questionnaires d'associations de mots
  • des "phrases à terminer"
  • des réactions à des situations hypothétiques
    Les étudiants répondent à ces questionnaires directement sur le web

Image 2: Phrases à finir (Pour agrandir, cliquez sur l'image)

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Etape 2: les observations

Une fois les questionnaires remplis, les réponses françaises et américaines viennent s'afficher en vis-à-vis sur le Web, permettant ainsi simultanément aux étudiants de part et d'autre de l'Atlantique de voir et de découvrir immédiatement :

  • des types d'associations totalement ancrées dans les cultures respectives (ex: du côté américain: police/doughnut ou du côté français: école/Jules Ferry).

Image 3: Réponses au questionnaire "individualisme" (Pour agrandir, cliquez sur l'image)

  • les connotations positives ou négatives de certains termes. Ainsi, les mots "individualisme/individualism": le mot étant quasiment toujours associé, du côté américain, à la notion de créativité, d'expression personnelle, de liberté, etc.. et du côté français renvoyant très fréquemment à la notion d'égoïsme et de solitude.
  • des associations qui, à partir d'un même mot, se font uniquement dans une culture et non dans l'autre. Ainsi, un enfant "bien élevé" du côté français étant surtout un enfant "poli" (mot qui n'apparait quasiment jamais du côté américain).
    Un regard sur la phrase suivante: "une personne impolie/a rude person" permettant aux étudiants de découvrir que la notion de politesse n'est pas la même du côté français et américain: alors qu'elle tend à appartenir beaucoup plus au domaine des actes sociaux en France (quelqu'un de "poli" est quelqu'un qui reconnaît la présence de quelqu'un, qui dit bonjour, au revoir, merci, etc...), la politesse, à l'américaine, semble signifier essentiellement "to be considerate of others; to respect and not to hurt someone's feelings".
  • Les différents degrés et éventails de réactions. Ainsi, dans le cas de la mère qui gifle son enfant, où les Américains tendent quasiment tous à donner tort à la mère (certains allant même jusqu'à "appeler la police") et où la majorité des Français expriment une tendance à donner tort à l'enfant : "il a dû faire quelque chose qui mérite cette gifle" (certains allant jusqu'à dire "J'applaudis!" ou "Bien fait!").

Image4: Réponses aux situations:La gifle (Pour agrandir, cliquez sur l'image)


Etape 3: les échanges sur les forums

En s'appuyant au départ sur un mot, une phrase ou une situation, les étudiants envoient alors à leurs partenaires transatlantiques leurs premières observations et échangent leurs points de vue sur le forum. Il s'agit d'un forum public et ouvert à tous les participants (l'enseignant peut lire tous les messages mais n'intervient en aucune façon) qui fonctionne en mode asynchrone. Les échanges se font dans langue maternelle des étudiants afin de conserver la richesse culturelle et linguistique d'une langue authentique.

Les étudiants sont encouragés à poursuivre trois directions:

  • émettre des hypothèses à partir des observations qu'ils auront faites, soit seuls soit à la suite des discussions en classe.
  • poser des questions à leurs homologues dans le but d'en savoir plus et/ou d'éclairer un point ou un autre.
  • répondre aux interrogations posées.


C'est ainsi que, par exemple, dans les forums du semestre de Printemps 1999, les étudiants français et américains s'interrogent sur le concept d'individualisme, essayant de comprendre pourquoi ces mots se réfèrent à des notions aussi opposées. Une discussion totalement libre s'ensuit dans laquelle les étudiants français expliquent à leurs homologues américains, en réponse à une question posée, la raison pour laquelle ils ont une opinion aussi négative de l'individualisme.


La discussion sur la mère qui gifle son enfant sucite des reactions de surprise et des interrogations sur l'autorité parentale.

Image 5: Forum de discussion: La gifle (Pour agrandir, cliquez sur l'image)


Une discussion suscitée par les réponses au mot "école" voit les étudiants américains se demander pourquoi le mot "fun" (ou son équivalent) n'apparait pas dans les réponses françaises.


L'étape 4: phase d'élargissement

Les étudiants analysent ensuite une variété d'autres documents qui leur permettront d'élargir leur champ d'investigation et de vision. Certains viennent s'afficher sur le Web, d'autres sont lus ou exploités en classe ou à l'extérieur, selon les droits d'auteur dont nous disposons.
Ces autres matériaux incluent :

  • un grand nombre de sondages comparatifs (sur le Web) qui permettent aux étudiants de replacer ce que leurs homologues leur disent dans un cadre socio-culturel plus large et plus objectif.
  • l'analyse comparative de films français et de leurs remakes américains (visionnés en dehors de la classe). L'analyse en parallèle de tels films, une fois les aspects purement hollywoodiens mis en évidence, permet de dégager certains thèmes et constantes culturels qui ont peut-être été déjà abordés dans les documents préliminaires et qui viendront soit les renforcer soit les contredire. Dans le cas de ces films, les étudiants ont également accès à des critiques françaises du film français et américains et des critiques américaines du fim français et américain, permettant ainsi des regards croisés perpétuels.
  • des extraits d'ouvrages comparatifs sur les cultures française et américaines, qui ne sont pas accessibles sur le Web mais qui sont lus dans leur forme d'origine.
  • des articles et coupures de presse ainsi que des liens permettant de suivre certains faits d'actualité.
  • des archives des expériences précédentes qui permettent aux étudiants de comparer les réponses et les réactions d'autres groupes d'étudiants à celle du semestre en cours.


Les étudiants continuent à échanger leurs observations sur les forums dédiés à ces films et ces textes. Ainsi, les etudiants francais essayant de comprendre pourquoi les films americians finissent tous par un "happy ending".

Un engin de recherche interne au site permet également aux étudiants de taper un mot et de voir apparaitre ensuite tous les différents contextes dans lequel ce mot a été utilisé (dans les questionnaires/les réponses aux questionnaires/les forums des archives/des textes sur le Web, etc...), ce qui leur donne la possibilité de se déplacer transversalement à l'intérieur de tous ces documents.

La méthodologie et la pédagogie

Un de nos objectifs, à travers ce projet, est d'essayer de mettre en place une méthodologie qui puisse se généraliser à d'autres langues et à d'autres contextes - une méthodologie qui s'appuie sur le principe selon lequel l'interculturel est un processus cyclique qui passe par une série d'étapes, tout comme le processus d'acculturation lui-même. Ces étapes successives d'observation, d'analyse et d'échanges permettent aux étudiants de part et d'autre soit de confirmer leurs hypothèses, soit de les raffiner , soit de les remettre en question ou alors même de mettre en évidence des contradictions. Rien n'est jamais définitivement acquis. Toute "conclusion" sur la culture américaine ou française est toujours remise en question à la lumière de nouveaux points de vue, de nouveaux matériaux que les étudiants analysent et sur lesquels ils échangent à nouveau leurs observations et hypothèses, tissant ainsi toujours de nouveaux fils et formant ainsi sur leur propre toile d'interprétation.

Cette méthodologie conduit bien évidemment à une nouvelle pédagogie. Les étudiants ne fondent pas leur savoir exclusivement sur ce que leur dit le professeur ou les lectures qu'ils auront faites (sur la façon, par exemple dont les Français ont tendance à penser et voir les choses), mais sur un processus interactif qui implique des interactions avec des matériaux multiples, bruts ou médiatisés, une multiplicité de partenaires, professeurs et autres élèves, ce qui leur permettra de découvrir par eux-mêmes des traits de la culture francaise ou américaine. Presque comme des ethnologues ou même des archéologues qui fouillent toujours plus profondément pour essayer de découvrir de nouveaux "morceaux" constituant la mosaïque culturelle.


Les étudiants sont maintenant au centre même de leur savoir. La culture n'est pas médiatisée, mais appréhendée d'une façon dynamique à travers un contact direct et interactif avec l'autre culture.
Enfin, l'apprentissage ne se limite plus à l'accumulation d'un certain nombre de connaissances, mais prend la forme d'un processus - d'un processus continu.




Les auteurs du projet

CULTURA a été conçu et réalisé au MIT (Foreign Languages and Literatures Department) en1997 par Gilberte Furstenberg et Shoggy Waryn:

Gilberte Furstenberg, née Codaccioni

Senior Lecturer, French, MIT

Gilberte Furstenberg was born and educated in France where she received her Agregation. She taught English at the University of Paris-Nanterre, then moved to the United States where she became a correspondent for the French news magazine L'Express. Her next career move brought her to M.I.T. where she has been teaching French for the last twenty years. In her courses, from the very beginning to the advanced levels, she makes use of authentic print and video materials in order to integrate culture into the language curriculum. She also favors a cross-cultural approach to the study of materials, as a way of accessing the different underlying values in French and American cultures.

Her research interests lie in the development of interactive multimedia programs for learning French an developing an understanding of its culture. She is the principal author of A la Rencontre de Philippe, a pioneering interactive fiction, Dans un quartier de Paris, an interactive multimedia documentary. Both have won national and international awards and are published by Yale University Press. She is currently involved in the development of a Web-based cross-cultural project, entitled Cultura, which provides a unique comparative approach for understanding another culture.

She has given numerous presentations, lectures and workshops in the U.S. and abroad focusing on the many uses of multimedia in the foreign language curriculum, and thesubsequent emerging role of the foreign language teacher. She is the author of pedagogical guides, articles, and chapters in books. (for a complete list of publications)

 

Shoggy Thierry Waryn

Lecturer, French Studies, Brown University

Après avoir terminé ses études de littérature anglaise en France et en Angleterre, Shoggy s'est installé aux Etats-Unis en 1985 pour poursuivre un doctorat en Film et Communication à l'Université d'Iowa. Le thème de sa thèse de doctorat: "Télévision Française, Culture Française" recouvre trois de ses principaux sujets de recherche

Shoggy a travaillé de 1991 à 1998 dans la section de Français du Département de Langues et Littératures Etrangères du MIT où il s'est spécialisé dans l'intégration de la technologie à tous les niveaux du cursus.

En 1995 et 1996, Shoggy a reçu le soutient du Consortium for Language Teaching and Learning afin de produire ReelWords, un programme de sous-titrage de disques laser pour plateforme Macintosh. Depuis 1997, il collabore à CULTURA , tout aussi bien au niveau du contenu que du design.

Il a également travaillé pour SmartPlanet et pour WebCT.

 

Sabine Levet

Lecturer in French, Brandeis University

Graduated from La Sorbonne. Has been teaching at MIT from 1989 to 2001 before joining the faculty at Brandeis. Currently teaches Beginner and Intermediate French. Teaching interests: Language, culture, curriculum materials development, interactive technologies applied to teaching.



Sponsors

CULTURA a reçu le support financier des institutions suivantes:
   

 

 The National Endowment for the Humanities

 The Consortium for Language Learning and Teaching

 MIT Foreign Languages and Literatures

 



Partenariats

 

INT-EvryL'Institut National des Télécommunications, du Groupe des Ecoles des Télécommunications, rassemble sur son campus d'Evry deux Grandes Ecoles : une Ecole d'Ingénieurs, Télécom INT, formation généraliste dans le domaine des télécommunications; une Ecole de Management, INT Management, formation supérieure en management mettant l'accent sur les technologies de l'information et de la communication dans tous les domaines d'activité; et un pôle de formation continue, INT Entreprises. L'articulation des cultures" ingénieur-gestionnaire " est un des atouts de l'INT. Ce double enseignement, les travaux de recherche réalisés par 160 enseignants-chercheurs permettent à INT Entreprises de proposer plus de 80 séminaires dans les domaines des nouvelles technologies et du management, ainsi que des formations personnalisées. Cette activité se déploie en France, mais aussi à l'étranger, particulièrement en Amérique Latine, dans les Pays de l'Est et en Asie du Sud Est.

Pour Cultura: Prof. Katherine Maillet, Dpt. de Langues et Humanités , Prof. Susan Fries Dpt. de Langues et Humanités, Prof Kathryn English, Dpt. de Langues et Humanités


supaeroFondée en 1909 à Paris, puis transférée à Toulouse en 1968, l'Ecole Nationale Supérieure de l'Aéronautique et de l'Espace (également appelée SUPAERO) fait partie du groupe A des grandes écoles d'ingénieurs. Elle forme en 3 ans des ingénieurs généralistes aptes à exercer dans un large spectre d'activités. Son programme couvre l'ensemble des disciplines de base de l'ingénieur, tout en s'appuyant sur l'aéronautique et l'espace, domaine d'emploi privilégié des méthodologies de pointe..

Pour CULTURA: Prof. Jean-Claude Jacques


In 1999, we will also be testing CULTURA at the High School level by conducting an experiment between Lycée Marcellin Berthelot in France and the Lenox Memorial High School in the US

Lenox Memorial High School is a comprehensive school renovated in 1977 with a 6-12 enrollment of 434 students. It offers a challenging curriculum with emphais placed on academic excellence. The school's size makes possible small classes and a personal relationship between faculty and students. Lenox is a residential community of 5,400 nestled in the Berskshire Hills of Western Massachusetts.

 

Marcelin Berthelot

Créé en 1974, situé à deux pas de la Cité des Sciences et de l'Industrie de Paris, le lycée, qui porte le nom d'un chimiste et homme politique français qui vécut de 1827 à 1907 à Paris, accueille 600 élèves et 60 professeurs. Il dispense un enseignement général, préparant aux baccalauréats littéraire, scientifique, et économique, et technologique, menant aux
baccalauréats comptabilité-gestion et ventes. Une large palette d'options est proposée aux étudiants : arts plastiques, arabe, hébreu, italien, cours de langues renforcées. Les locaux ont été rénovés, en particulier la bibliothèque de 200 m", et
le foyer où les élèves peuvent se retrouver entre eux à la cafétéria.


Informations Techniques

(Cette rubrique est en cours de réalisation)



Contactez-nous!

Si vous désirez recevoir plus de renseignements sur CULTURA, connaitre l'état des différents projets ou bien poser votre candidature pour devenir l'un des sites pilotes, écrivez directement aux auteurs du projet:
 
Gilberte Furstenberg: gfursten@mit.edu
 
Shoggy Waryn: shoggy@mit.edu

® CULTURA 1999